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Éducation sexuelle : un enseignant suspendu pour avoir fait son travail

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Un très bon ami à moi est enseignant au secondaire. Cinquième secondaire pour être précis. Depuis très longtemps. Et depuis qu’il m’en parle, je ne peux plus douter qu’il est excellent, consciencieux et ayant très à coeur la réussite de ses élèves. Pourtant, il y a quelques jours, il m’a annoncé qu’il allait être suspendu trois jours par le directeur de son école. La raison : il a distribué des documents traitant de la sexualité à ses jeunes.

La majorité des textes proviennent du site Français CareVox « Partageons l’Info Santé ». Un article sur le fait que le Brésil autorise maintenant la masturbation sur les lieux de travail. Un article au sujet d’un livre de Hilda Hutcherson, gynécologue et obstréticienne : « Le guide du plaisir : Manuel pratique du sexe à l’usage des femmes… DE TOUTES LES FEMMES ». Un article sur le problème de la dépendance sexuelle, ainsi qu’un autre sur Cyberpresse traitant du même sujet. Un article paru sur le site de CNN, malheureusement indisponible en ce moment, relatant une étude parue dans « The Journal of Sexual Medecine », qui arrive à la conclusion que la durée optimale d’une relation sexuelle est de 3 à 13 minutes (selon une autre étude, le temps moyen d’une relation serait de 7.3 minutes). Donc, que la clé d’une vie sexuelle satisfaisante est l’endurance (selon les thérapeutes impliqués dans la première étude, une relation durant de 1 à 2 minutes serait trop courte). Aussi, trois textes aux titres très révélateurs : « Mythes sur ce que les femmes veulent vraiment au lit », « Sexe : Dix bonnes et étonnantes raisons de faire l’amour » et « Sexe : 10 choses que les femmes aiment… ».

Sans conteste, des textes écrits par des professionnels, sérieux et utiles pour aider les jeunes dans le contexte de l’hypersexualisation et de la pornographie très accessible (et qui tient malheureusement trop lieu d’éducation sexuelle, par défaut). Rien de déplacé, à moins bien sûr d’avoir un blocage sur tout ce qui touche à la sexualité. Et, de toute manière, mon ami ne faisait que son devoir, puisqu’avec la Réforme de l’éducation, selon un document du Ministère datant de 2003, « l’éducation à la sexualité ne relève maintenant plus d’une seule matière ou d’un seul intervenant, mais devient la responsabilité d’un ensemble de partenaires. » C’est-à-dire les parents, « le personnel enseignant, le personnel professionnel et le personnel de soutien des réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux » :


Actuellement, l’éducation sexuelle au secondaire est censée être faite par l’ensemble des professeurs, à travers l’enseignement de leurs matières régulières, une formule plus ou moins efficace, selon les intervenants du milieu.

 

« Plus ou moins efficace » semble ici une formule peut-être trop optimiste. Il semble plutôt que tout ce beau monde se soit lancé la patate chaude puisque, comme me le disait mon ami, la grande majorité de ses élèves (de secondaire cinq, il ne faut pas l’oublier) ont avoué ne jamais avoir entendu parler de sexualité dans leurs autres cours (à part dans leur cours de biologie — où l’accent n’est vraiment pas mis sur le relationnel…). Il est là le problème.

Et pour sa démarche (et pour sa défense on s’en doute!), il s’est inspiré entre autres de deux articles parus en 2010 sur Cyberpresse, un sur une mobilisation demandant le retour des cours d’éducation sexuelle et l’autre (d’où la citation précédente est tirée) sur l’annonce de Québec de les réintégrer. Ce qui n’est pas encore fait en 2011… Et on lui reproche d’avoir fait simplement son travail en attendant que le Ministère de l’Éducation se décide à le donner à d’autres!

Pour l’instant, il y a un flou autour de la ou des raisons précises de cette suspension. Peut-être une partie de texte ou l’ensemble, la direction qu’il prend en proposant ce corpus. Même des pressions de parents serait dans le domaine du possible. Ce n’est vraiment pas clair. Lui et moi avons bien quelques idées là-dessus, mais il serait trop hasardeux de les soulever ici. D’autant plus que cette histoire n’en est pas encore à son dénouement, loin de là.

Mais avant de vous quitter, il faut que je vous dise que mon ami se fout des trois jours de salaire qu’il pourra perdre, c’est pour le principe qu’il se bat.

(Photo : haleynealphotography)


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